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09/07/2016

9 juillet 1916

Je me retrouve au Four de Paris dans des emplacements que j’ai construits il y a un an à pareille époque, mais quel ravage... Les pluies torrentielles ont tout éboulé ; ce sont de véritables petits torrents de boue liquide ; les sapes, les abris sont transformés en grottes ruisselantes, c’est simplement horrible.., et c’est là qu’il faut vivre en attendant de mourir.
Notre relève commencée hier à 20 heures s’est terminée à une heure du matin elle a été extrêmement pénible ; les hommes étaient surmenés à ce point que j’en ai vu pleurer de rage...
En ce moment, un bombardement terrible se poursuit, nous ne pouvons
sortir de nos cloaques. Ici, nous sommes en 1ère ligne, nous avons relevé le 72ème actif. Chose curieuse : j’ai retrouvé à deux pas de moi Le Cor (qui est sous-lieutenant) avec sa section d’infanterie.

Je viens d’apprendre une triste nouvelle : la fin glorieuse de mon ami le sous-lieutenant Eymain, tué à Courtes- Chausses en Argonne, à côté de ma position. C’était un brave homme et un homme brave, d’une honnêteté parfaite, d’un moral très élevé. Je l’avais connu au Cours d’Eclaron et nous avions été depuis très intimes.
Il est mort magnifiquement, en tranchée de 1ère ligne ; un entonnoir ayant été ouvert entre sa position et celle de l’ennemi, il s’élança pour l’occuper ; ses hommes mirent plus de temps à le suivre que l’ennemi à accourir et il y fut tué.
Cet homme aurait pu rester tranquille, car vu son âge (quarante ans) il avait été versé dans un régiment à Orléans où il pouvait grâce à son instruction rester dans les bureaux.
Comme il était célibataire, il demanda lui-même à partir dans un régiment actif. Si beaucoup de français avaient eu cette mentalité, le mot d’embusqué n’aurait pu trouver place au dictionnaire.

prochaine note : 10 juillet 2016

 

 

 

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