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25/02/2017

25 février 1917

Le cours de Mourmelon a pris fin ; il restera dans ma mémoire comme un cauchemar... Enfin je vais retrouver mon régiment et retourner en ligne mais auparavant nous aurons une petite permission de repos de 7 jours.

prochaine note : 8 mars 2017

 

 

14/02/2017

14 février 1917

 Après la misère morale, la misère physique.
Je souffre d’une éruption de boutons sur toute la face ; ceci est arrivé assez rapidement ; j’en ai accusé le froid après avoir accusé le perruquier et son rasoir.
Mes bobos font des petits et j’ai fini par inquiéter «  Gallien » ; le Major m’a dit de venir me faire panser ; j’ai retenu le mot “Impétigo” ; c’est très douloureux ; impossible de se débarbouiller, à plus forte raison de se raser ; voyez d’ici la tête que je puis avoir ; c’est un parasite baladeur, ah le chameau... qu’il me fait souffrir, cela démange, brûle, empêche tout repos.
Il paraît que c’est la conséquence d’un mauvais état général (fatigue, manque d’hygiène et alimentation insuffisante). Cela n’exempte nullement du service, en ce moment il ne suffit pas pour cela d’avoir la tête bandée, il faut pour le moins l’avoir coupée.

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(extrait du livret d'instruction de Félix Basin à Mourmelon)

prochaine note : 25 février 2017

 

03/02/2017

3 février 1917

 Oui, Janvier est parti et ma foi je ne le regrette pas. D’ailleurs je ne regrette aucun de ces mois maudits qui m’ont séparé de vous et ne m’ont donné que des déceptions.
Vous dirais-je le résultat de l’attaque allemande par les gaz ? Il est simplement effrayant : deux mille morts tant Russes que Français ; chaque heure on amène ici et dans les localités avoisinantes des intoxiqués qui meurent deux heures après leur arrivée. Les effets se sont fait sentir jusqu’à Suippes où il y a six morts (10 km. environ des lignes).
Cependant aucune de nos positions n’a été prise ; le barrage d’artillerie a suffi à maintenir les empoisonneurs...
Je viens d’écrire à Kremer pour le prévenir d’ouvrir l’œil et de se boucher le nez. Le secteur serait parfaitement susceptible de recevoir des vagues ; il est assez prédisposé à cela.
La température est toujours très basse (- 15°) ; notre pain est toujours gelé; il nous a fallu protester près des officiers qui en ont été très surpris (le leur ne l’étant pas), aussi à déjeuner, on a eu le soin de le mettre un peu sur les foyers avant la distribution.
Les aliments gras étant recommandés par temps très froid on ne touche plus que des rations de viande dont le maigre a été habilement retiré. Malgré cette précaution, nous seuls sommes maigres à souhait ; enfin la minceur étant esthétique je me console, à moins que je n’offre à vos yeux épouvantés qu'un être ratatiné, ridé, crevassé, terne, misérable et laid comme la misère elle-même.
Ah, vous pourrez préparer vos Kodaks pour photographier ceux qui reviendront au “Grand Jour” ; ils seront jolis, beaux spécimens à mettre en tête des grands illustrés... Il est vrai que de notre laideur naîtra la beauté de la génération nouvelle qui sera, je l’espère, à l’abri d’une semblable catastrophe.
Et puis il y a (j’allais l’oublier), ceux qui se sont conservés à l’arrière pour représenter la France de demain. A chacun son rôle... On ne peut vraiment tout avoir, nous qui avons le gaz en plein air sur 18 km de front et gratuitement serions mal venus à nous plaindre ; songeons à ceux de la Capitale qui n’en ont même pas pour cuire leur rosbif...
Malgré toute cette rancœur trop longuement étalée, je veux croire que vous me désirez et m’accepterez comme je reviendrai.

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Extraits du cahier d'instruction de Félix Basin (janvier-février 1917)

prochaine note : 14 février 2017

 

 

 

30/01/2017

30 janvier 1917

 La situation s’aggrave ; la température s’abaisse ; il est 18h30 et depuis ce matin 10 heures nous n’avons rien mangé.
Depuis 16 heures de l’après-midi nous sommes alertés : les Boches attaquent en ce moment sur le secteur russe devant Mourmelon ; il y aura parmi ces derniers une sérieuse hécatombe ; on ne nous sert pas la soupe car l’on craint la vague gazeuse : c’est réjouissant...
A cet instant voici la sonnerie.., enfin. C’est une ruée vers les marmites ; nous touchons le vin en morceaux, la température étant de - 20° ; quant au pain, ce n’est plus un couteau qu’il faut pour entamer les boules, c’est une pioche.
20 heures -
La vague de gaz arrive jusqu’ici et aussi les premiers intoxiqués russes ; je vais me coucher dans ma baraque avec tous mes vêtements et tout mon fourniment sur moi, j‘aurai peut-être un peu moins froid...
Demain, je l’espère, nous apprendra ce que nous devons faire ; pour ce soir donc, bonsoir et conservons notre cœur chaud.

prochaine note : 3 février 2017

 

24/01/2017

24 janvier 1917

Je rentre de Bouy, je suis très fatigué, mais demain je serai remis. Il fait très froid (- 17°).

prochaine note : 30 janvier 2017

 

07/01/2017

7 janvier 1917

Et le cours continue, pas toujours drôle : instruction et manœuvres très dures.
Depuis un jour ou deux nous respirons, on nous laisse jouir d’une paix relative. Vous surprendrai-je en vous disant que cet après-midi de Dimanche je ne suis pas libre ? Peut-être pas, car vous êtes déjà fixées sur la “chiourme” qui nous régit ici et qui nous fait regretter le vrai front ; voilà l’explication de ma réclusion.
Depuis ce matin, je suis aux arrêts ; oui dà, aux arrêts ; le Crime ? le voici dans toute son horreur...
Ici frémissez ... J’ai, étant Commandant de Compagnie, rendu un faux appel. (Ceci ne vous dit rien, oh, profanes...) Au moment de partir en exercice, on me demande si tout le monde est présent ; un camarade attardé, mais me suivant, n’étant tout de même pas arrivé sur le rang, je n’hésite pas et pour lui éviter une punition je réponds : “Tout le monde présent”.
À ce moment, l’autre vient et s’étale lourdement devant la Compagnie : tableau... Je suis pris en flagrant délit de faux... et voilà pourquoi je suis aux arrêts pour quatre jours. Si après cette sévère discipline, nous ne sortons pas vainqueurs de la guerre, alors vraiment on pourra douter de tout. Je reste néanmoins convaincu que notre manière d’instruire est toute spirituelle et qu’une grande différence existe entre nous et... d’autres peuples.

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prochaine note : 24 janvier 2017