Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/11/2017

11 novembre 1917

2045.jpg

2045b.jpg

(... illisible...) permet de se recueillir un instant devant cette grandeur tragique. Donne un souvenir attendri à ces braves qui ont permis votre vie paisible, dans cette terrible guerre. Ces cimetières par millier au front donnent asiles aux privilégiés dont les restes ont pu être recueillis. Pour les autres, les plus nombreux, souhaitons qu'une puissance divine leur donne asile.

prochaine note : 16 novembre 2017

17/10/2017

17 octobre 1917

17octobre17.jpg

17octobre17b.jpg

Ma Chère Petite Ray,

Remercie le ciel de t'avoir conservé des écoles plus confortables que celle dont je t'envoie l'image. Tu apprécieras la gaie vision que nous avons quand par hasard nous sommes au repos dans un village du front, et le confortable qu'on y peut rencontrer.

A toi bien paternellement

prochaine note : 24 octobre 2017

 

28/05/2017

28 mai 1917

Au repos, à Suippes.
Pour ce Lundi de Pentecôte, je viens de prendre la garde de police dans cette petite ville en ruines et complètement désertée. Le poste est situé sur la place de l’Église tout à côté de celle-ci. J’espérais 24 heures de tranquillité, mais je n’avais pas compté devoir remplir le rôle de gendarme (Je suis déshonoré...)
J’ai 7 prisonniers, victimes du Pinard et de la permission. Je viens de leur porter la bonne parole ; l’église proche où l’on chante des cantiques de charité m’a probablement, à mon insu, impressionné ; à cette pensée je suis converti à la religion ; si vraiment les hommes devaient y puiser cette vertu, il faudrait se hâter de construire des édifices religieux.
Ici, je dois marquer l’arrivée d’un obus qui, striant l’air, est venu piler les pierres déjà écrasées de la Mairie ; d’autres d’ailleurs succèdent et vont chercher la gare et la voie ferrée.
Revenons à nos pensionnaires et pensons un peu à ceux qui me sont confiés ; il faut les enfermer, c’est fâcheux, mais c’est la consigne ; le caporal est là avec un impressionnant trousseau de clefs : que Justice s’accomplisse... Est-ce bien la Justice ?
Ci-joint un article du Grand Quotidien d’Eure-et-Loir ; il conte les félicitations du Divisionnaire à notre 30e (félicitations méritées en Champagne depuis Août dernier). Si je vous le passe, c’est afin que vous puissiez montrer aux gens sceptiques de l’arrière la preuve que les territoriaux n’ont pas tous cassé les cailloux sur les routes et qu’il en est quelques-uns qui, depuis bientôt 25 mois s’occupent de casser la g... aux Boches tout en offrant la leur.

28mai1917-2.jpg

28mai1917(3) 2014-10-27 001.jpg

prochaine note : 30 mai 2017

03/02/2017

3 février 1917

 Oui, Janvier est parti et ma foi je ne le regrette pas. D’ailleurs je ne regrette aucun de ces mois maudits qui m’ont séparé de vous et ne m’ont donné que des déceptions.
Vous dirais-je le résultat de l’attaque allemande par les gaz ? Il est simplement effrayant : deux mille morts tant Russes que Français ; chaque heure on amène ici et dans les localités avoisinantes des intoxiqués qui meurent deux heures après leur arrivée. Les effets se sont fait sentir jusqu’à Suippes où il y a six morts (10 km. environ des lignes).
Cependant aucune de nos positions n’a été prise ; le barrage d’artillerie a suffi à maintenir les empoisonneurs...
Je viens d’écrire à Kremer pour le prévenir d’ouvrir l’œil et de se boucher le nez. Le secteur serait parfaitement susceptible de recevoir des vagues ; il est assez prédisposé à cela.
La température est toujours très basse (- 15°) ; notre pain est toujours gelé; il nous a fallu protester près des officiers qui en ont été très surpris (le leur ne l’étant pas), aussi à déjeuner, on a eu le soin de le mettre un peu sur les foyers avant la distribution.
Les aliments gras étant recommandés par temps très froid on ne touche plus que des rations de viande dont le maigre a été habilement retiré. Malgré cette précaution, nous seuls sommes maigres à souhait ; enfin la minceur étant esthétique je me console, à moins que je n’offre à vos yeux épouvantés qu'un être ratatiné, ridé, crevassé, terne, misérable et laid comme la misère elle-même.
Ah, vous pourrez préparer vos Kodaks pour photographier ceux qui reviendront au “Grand Jour” ; ils seront jolis, beaux spécimens à mettre en tête des grands illustrés... Il est vrai que de notre laideur naîtra la beauté de la génération nouvelle qui sera, je l’espère, à l’abri d’une semblable catastrophe.
Et puis il y a (j’allais l’oublier), ceux qui se sont conservés à l’arrière pour représenter la France de demain. A chacun son rôle... On ne peut vraiment tout avoir, nous qui avons le gaz en plein air sur 18 km de front et gratuitement serions mal venus à nous plaindre ; songeons à ceux de la Capitale qui n’en ont même pas pour cuire leur rosbif...
Malgré toute cette rancœur trop longuement étalée, je veux croire que vous me désirez et m’accepterez comme je reviendrai.

première guerre mondiale,mourmelon,suippes,gaz,russes,instruction,1914-1918

première guerre mondiale,mourmelon,suippes,gaz,russes,instruction,1914-1918

première guerre mondiale,mourmelon,suippes,gaz,russes,instruction,1914-1918

Extraits du cahier d'instruction de Félix Basin (janvier-février 1917)

prochaine note : 14 février 2017