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16/07/2018

16 juillet 1914

Tout va bien, notre offensive est réussie et le dégât chez le voisin d’en face est considérable; il n’a pu sortir et c’est nous qui allons lui rendre visite.
L’aviation s’explique au-dessus de nous et nous recevons les éclats d’obus des tirs anti-aériens (le fantassin n’est jamais oublié dans les distributions, d’où qu’elles viennent).
Nous n’avons pas eu les gaz - çà, c’est de la veine —, le vent était avec nous.

juillet 1918 recto.jpg

Les premières lignes

Fonds Basin, photographie prise en juillet 1918

juillet 1918 verso.jpg

(dos de la photographie)

"La batterie de 75 la plus avancée

après l'attaque allemande de juillet 1918"

prochaine note : 18 juillet 2018

03/02/2017

3 février 1917

 Oui, Janvier est parti et ma foi je ne le regrette pas. D’ailleurs je ne regrette aucun de ces mois maudits qui m’ont séparé de vous et ne m’ont donné que des déceptions.
Vous dirais-je le résultat de l’attaque allemande par les gaz ? Il est simplement effrayant : deux mille morts tant Russes que Français ; chaque heure on amène ici et dans les localités avoisinantes des intoxiqués qui meurent deux heures après leur arrivée. Les effets se sont fait sentir jusqu’à Suippes où il y a six morts (10 km. environ des lignes).
Cependant aucune de nos positions n’a été prise ; le barrage d’artillerie a suffi à maintenir les empoisonneurs...
Je viens d’écrire à Kremer pour le prévenir d’ouvrir l’œil et de se boucher le nez. Le secteur serait parfaitement susceptible de recevoir des vagues ; il est assez prédisposé à cela.
La température est toujours très basse (- 15°) ; notre pain est toujours gelé; il nous a fallu protester près des officiers qui en ont été très surpris (le leur ne l’étant pas), aussi à déjeuner, on a eu le soin de le mettre un peu sur les foyers avant la distribution.
Les aliments gras étant recommandés par temps très froid on ne touche plus que des rations de viande dont le maigre a été habilement retiré. Malgré cette précaution, nous seuls sommes maigres à souhait ; enfin la minceur étant esthétique je me console, à moins que je n’offre à vos yeux épouvantés qu'un être ratatiné, ridé, crevassé, terne, misérable et laid comme la misère elle-même.
Ah, vous pourrez préparer vos Kodaks pour photographier ceux qui reviendront au “Grand Jour” ; ils seront jolis, beaux spécimens à mettre en tête des grands illustrés... Il est vrai que de notre laideur naîtra la beauté de la génération nouvelle qui sera, je l’espère, à l’abri d’une semblable catastrophe.
Et puis il y a (j’allais l’oublier), ceux qui se sont conservés à l’arrière pour représenter la France de demain. A chacun son rôle... On ne peut vraiment tout avoir, nous qui avons le gaz en plein air sur 18 km de front et gratuitement serions mal venus à nous plaindre ; songeons à ceux de la Capitale qui n’en ont même pas pour cuire leur rosbif...
Malgré toute cette rancœur trop longuement étalée, je veux croire que vous me désirez et m’accepterez comme je reviendrai.

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Extraits du cahier d'instruction de Félix Basin (janvier-février 1917)

prochaine note : 14 février 2017