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16/10/2018

16 octobre 1918

Nouvelle journée passée dans le bruit, le mouvement, l’entrain, la pluie et la boue ; mais que peuvent faire toutes ces misères dans le succès, alors que l’on a passé des années dans les fatigues affreuses et subissant la dure adversité ?
Quand je vous disais que les Alliés du Boche le lâcheraient ? Voici la Turquie qui mollit à son tour et nous continuons toujours la marche vers le Rhin.

prochaine note : 20 octobre 2018

26/09/2018

26 septembre 1918

- 1 heure : Le bombardement ne s’est pas ralenti un instant. Le point le plus en action est la Butte du Mesnil.
- 4 heures : Pas une minute de répit - La nuit est claire -
L’ ennemi répond tout de même ; des obus de très gros calibres passent au-dessus de nos positions de défense.
- 6 heures : Dans une brume épaisse, les Drachens (1) essaient de diriger le bombardement qui n’a point faibli ; la consommation de projectiles est formidable ; le tonnerre est fou, c’est un roulement ininterrompu avec des éclatements encore plus puissants.
- 7 heures : Les avions sortent, mais ne peuvent rien dans ces dernières ténèbres ; il ne fait pas encore assez jour et les fumées montent au ciel. C’est toujours Tahure, Maisons de Champagne, la Butte du Mesnil qui sont les plus battus, les plus disputés. On a l’impression que sur les autres points du front l’ennemi mollit.
- 8 heures : Phébus vient aussi voir ce qui se passe. Alors c’est la grande kermesse pour avions ; une escadrille de 23 appareils nous passe sur la tête et beaucoup d’autres arrivent du fond ; cette fois, on y a mis le prix, mais je pense que nous aurons un résultat ; nos mitrailleurs travaillent faisant des tremolos et des trilles dans ce concert pour basses.
- 9 heures : Le bombardement semble s’enfoncer chez le Boche mais ne diminue en rien. C’est bien le plus long auquel j’ai assisté, eu égard à son intensité.
- 10 heures : Nos Drachens, à défaut de nouvelles, nous indiquent que tout doit bien aller car ils s’éloignent de nous pour avancer chez le voisin.

- 12 heures : Les gros points de résistance sont vaincus : Butte du Mesnil, Tête de Vipère, etc... sont dépassés et la lutte continue ; l’ennemi n’a presque pas pu tirer sur nos arrières lignes ; le temps est splendide (Gott est avec nous).
- 13 heures : Un Drachen français vient d’être brûlé devant nous ; nous avons tiré sur l’ennemi, il a fait demi-tour mais son objectif a été atteint (hélas, pas le nôtre...) Descente en parachute de l’observateur.
- 15 heures : Une escadrille de bombardement française (35 avions) rentre ; pendant que nous observons, un avion de chasse boche survient, nous survole à 200 mètres ; mes quatre pièces tapent, nous l’obligeons à rentrer chez lui mal en point, mais l’observateur d’une saucisse française, inquiet, vient de se lancer dans le vide pendant que son captif se balance mollement au gré du vent.
Bataille d’avions à nouveau au-dessus de nous ; quatre caisses de cartouches sont brûlées sur l’oiseau à Croix de Fer, mais la cocarde tricolore nous gêne ; cependant nous finissons par isoler l’intrus et alors une distribution sévère lui est envoyée ; il s’en va, volant de guingois et nous le voyons tomber au loin. Enfin...
- 17 heures : Et le bombardement continue, çà va, çà va Le temps est trop beau pour que nous ne soyons pas vainqueurs.
- 19 heures : Le soir monte, les nouvelles sont très bonnes, tous nos points difficiles atteints et dépassés. Montfaucon, ce point tant convoité est aussi enlevé.
Le bruit, toujours aussi nourri, s’éloigne de nous.
Fritz a eu très chaud, aujourd’hui... nous aussi, mais c’est au cœur...
- 20 heures : Je vais enfin dormir... Le rêve passe...

(1) Drachen Caquot : cubant 1.000 m3 de gaz
Altitude moyenne : 800 à 1.000 m Maximum 1.500
Poids à enlever (observateur, nacelle, instruments) 400 kg.
Parachute en soie : surface couverte 80 m.
Le ballon peut, en cas d’alerte, être ramené à terre par treuil à la vitesse de 250 m à la minute.

prochaine note : 27 septembre 2018

16/07/2018

16 juillet 1914

Tout va bien, notre offensive est réussie et le dégât chez le voisin d’en face est considérable; il n’a pu sortir et c’est nous qui allons lui rendre visite.
L’aviation s’explique au-dessus de nous et nous recevons les éclats d’obus des tirs anti-aériens (le fantassin n’est jamais oublié dans les distributions, d’où qu’elles viennent).
Nous n’avons pas eu les gaz - çà, c’est de la veine —, le vent était avec nous.

juillet 1918 recto.jpg

Les premières lignes

Fonds Basin, photographie prise en juillet 1918

juillet 1918 verso.jpg

(dos de la photographie)

"La batterie de 75 la plus avancée

après l'attaque allemande de juillet 1918"

prochaine note : 18 juillet 2018

15/07/2018

15 juillet 1918

15 heures - Çà y est, nous sommes en pleine bataille ; comme prévu, l’ouverture s’est faite le 14 Juillet, à 23 h 50. Seulement, avec cette différence que, prévenus par les renseignements de prisonniers ennemis, nous l’avons devancée de quelques minutes.
Un bombardement d’ensemble (de 75) précis et formidable, est tombé sur la ligne de départ prête à l’attaque, faisant une bouillie monstrueuse d’humains, cependant que les lignes de réserves étaient broyées par nos gros canons. L’artillerie ennemie elle-même, prise d’avance, fut fort mal en point ; ce n’est que longtemps après notre déclenchement qu’elle put répondre et sans succès.

20 heures - Le duel d’artillerie continue, formidable. C’est un déluge d’obus de tous calibres - Dieu, qu’il est bon d’être tout petit à de certains moments...
Seulement voilà, l’estomac a toujours la même capacité et le ravitaillement ne vient plus ; un quart de boule seulement reste à chacun ; c’est peu, d’autant que l’on ne peut savoir quand finira cette plaisanterie, si encore on pouvait dormir... Il y a des heures que nous n’avons pu nous livrer à cette douce pratique.
Je suis pour commander mes deux pièces de mitrailleuses dans un trou entre elles deux, trou que j’ai fait faire sur les indications d’un Capitaine de tirailleurs tunisiens ; il mesure 1m20 de profondeur sur 0m60 de large ; les épaules et la tête seules sont apparentes c’est évidemment un minimum de cible à offrir. Je suis aphone, tellement il a fallu hurler les ordres pour qu’ils soient entendus dans le tonnerre des départs et des éclatements.

15 juillet 1918 recto.jpg

Les premières lignes

Fonds Basin, photographie prise en juillet 1918

prochaine note : 16 juillet 2018