28/05/2017
28 mai 1917
Au repos, à Suippes.
Pour ce Lundi de Pentecôte, je viens de prendre la garde de police dans cette petite ville en ruines et complètement désertée. Le poste est situé sur la place de l’Église tout à côté de celle-ci. J’espérais 24 heures de tranquillité, mais je n’avais pas compté devoir remplir le rôle de gendarme (Je suis déshonoré...)
J’ai 7 prisonniers, victimes du Pinard et de la permission. Je viens de leur porter la bonne parole ; l’église proche où l’on chante des cantiques de charité m’a probablement, à mon insu, impressionné ; à cette pensée je suis converti à la religion ; si vraiment les hommes devaient y puiser cette vertu, il faudrait se hâter de construire des édifices religieux.
Ici, je dois marquer l’arrivée d’un obus qui, striant l’air, est venu piler les pierres déjà écrasées de la Mairie ; d’autres d’ailleurs succèdent et vont chercher la gare et la voie ferrée.
Revenons à nos pensionnaires et pensons un peu à ceux qui me sont confiés ; il faut les enfermer, c’est fâcheux, mais c’est la consigne ; le caporal est là avec un impressionnant trousseau de clefs : que Justice s’accomplisse... Est-ce bien la Justice ?
Ci-joint un article du Grand Quotidien d’Eure-et-Loir ; il conte les félicitations du Divisionnaire à notre 30e (félicitations méritées en Champagne depuis Août dernier). Si je vous le passe, c’est afin que vous puissiez montrer aux gens sceptiques de l’arrière la preuve que les territoriaux n’ont pas tous cassé les cailloux sur les routes et qu’il en est quelques-uns qui, depuis bientôt 25 mois s’occupent de casser la g... aux Boches tout en offrant la leur.
prochaine note : 30 mai 2017
06:00 | Tags : première guerre mondiale, tranchées, champagne, 1914-1918, suippes | Lien permanent | Commentaires (0)
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