04/10/2016
4 octobre 1916
Nous avons légèrement changé de secteur. J’ai occupé dans la nuit un nouveau “gourbi” et, en regardant mes aîtres d’un peu près à la bougie, je me suis aperçu qu’un poilu enterré sous mes pieds est là depuis le 30 octobre 1915.
C’est un chasseur à pied d’Arras (Charles Cuvellier) ; j’avais accroché mon fourniment après la croix où j'ai lu ces renseignements. C’est un très paisible camarade et qui semble attendre sans aucune espèce d’impatience la fin du drame.
Hier matin vers trois heures, un homme de garde, une fois sa faction terminée, s’est tué d’un coup de fusil près de nous ; il en avait assez, il s’en est allé voir chez les morts s’ils sont aussi bêtes que les vivants... Mais il a bien agi envers ses camarades car il a voulu monter sa dernière faction pour ne pas en laisser la charge à un autre.
Cependant ses compagnons lui ont adressé un reproche : celui d’avoir bu sa dernière “gnôle” avant de s’expatrier. “Puisqu’il voulait mourir, il aurait pu nous la laisser...’
Comme vous le voyez toutes sortes de petites sensations aimables nous sont réservées ; vraiment on se demande comment on peut s’ennuyer ici...
prochaine note : 15 octobre 2016
06:00 | Tags : première guerre mondiale, champagne, tranchées, 1914-18 | Lien permanent | Commentaires (0)
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