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02/11/2016

2 novembre 1916

 Je profite après cette longue et laborieuse journée d’un moment relativement calme pour vous écrire. Seul dans le fond de ma sape, seul au figuré, j’ai six hommes qui dorment autour de ma table sur laquelle un quinquet fumeux donne une lumière douteuse ; les autres sont aux pièces, dehors, dans une tranchée éboulée, véritable cloaque dans lequel nous avons lutté toute la journée, dans une “poisse” horrible sous la pluie...
Mais heureusement tranquillité presque totale de la part du Boche que nous soupçonnons d’avoir le même tintouin. Que nous regrettons notre Argonne où nos ouvrages se tenaient... comme nous-mêmes. Ici, c’est lamentable, de la craie en pâte, un véritable lait de chaux impossible à retenir en remblai, se collant à nos godillots déjà si lourds.
J’ai couru toute la journée d’un point à l’autre, consolidant ici, bouchant par là, secourant mes pièces qui menaçaient d’être ensevelies ; les hommes sont exténués par ce dur travail de terrassement, par les services de garde très sévères (plus de six heures de veilles chaque nuit dehors, sans abri par tous les temps), par les corvées de soupe qui sont simplement affreuses (une heure et demie de course dans les boyaux aller et retour avec la charge au bout des bras, que l’on doit tenir à cause des parapets un devant et un derrière soi, les boyaux n’ayant que 70 cm de large en moyenne, les escalades à chaque éboulement rencontré ou le bourbier à traverser suivant la montée ou la descente du terrain...).
Je vous dis tout cela pèle-mêle, comme nous le trouvons, et puis, dois-je vous l’avouer, j’ai grande envie de dormir... mais je n’ose le dire quand je vois ce que je suis obligé d’exiger de mes hommes.

prochaine note : 3 novembre 2016

 

 

 

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