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14/11/2018

14 novembre 1918

J’ai passé mon après-midi sur la place de Vouziers à faire le service de distribution des vivres à nos compatriotes qui arrivent du Luxembourg. C’est un défilé ininterrompu de misérables prisonniers français que l'ennemi n’a pu retenir une minute de plus... Beaucoup sont encore vêtus de la capote bleue, du pantalon et du képi rouges de 1914.
Des civils minables, mais joyeux ont fait du mieux pour soulager toutes ces infortunes, mais vraiment on est débordé .. Ces civils sont des hommes, des femmes qui ont fait des kilomètres dans la boue, dans la nuit, pour arriver plus vite à Vouziers. Des femmes, des jeunes tilles n’ont pas hésité à traverser la plaine inondée, ayant retiré leurs chaussures, relevé leurs jupes, ayant de l’eau jusqu’aux cuisses, au risque de se noyer pour fuir l’exil et retrouver plus tôt la Terre française et leurs compatriotes. Quand on a vu cela, il est difficile de nier l’amour de la Patrie...
L’Aisne aussi déborde et la plaine n’est plus qu’une immense nappe d’eau, la route est coupée en direction de Sedan. Ce sont les Boches qui ont fait d’énormes barrages pour protéger leur retraite.
Combien sont poignants les récits que nous font nos compatriotes de retour d’Allemagne ; il semble que nos journaux n’ont rien exagéré quant à la détresse de nos voisins - Les officiers eux-mêmes sont à la portion congrue et les hommes crèvent de faim ; aussi, la discipline, si sévère là-bas, a disparu... et le Commandement ne peut plus rien.

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" Cette croix est offerte gracieusement à tous les fils de la grande Allemagne qui eurent l'insigne honneur de la mériter et de la recevoir du roi de Prusse Guillaume II. Il y en a comme cela quelques milliers dans le cimetière de Vouziers . Elle est en fonte noire. C'est sinistre et de mauvais gout… Les allemands si biens pénétrés de leur victoire avaient fait leur le cimetière. Ils n'ont même pas hésité à relever les vieilles tombes pour élever une sorte de pierre pour y inscrire tous les noms des leurs (*). Un parterre de roses agrémente le paysage. Dans l'extrémité du cimetière j'ai vu la tombe de Garros l'aviateur tué le 5 Octobre 18. Puis on y a mis en voisinage un Brindejonc des Moulinets(*) (hier) ;  je pense que c'est un des frères de l'aviateur d'avant- guerre."

(*) mais il a fallu faire un cimetière annexe ils étaient trop et alors là, il y a du monde, mais quel monde !

(*) Brindejonc des Moulinais (aviateur mort au combat)

prochaine note : 20 novembre