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07/07/2015

7 juillet 1915

Dans la tranchée, le rôle d’officier n’existe guère ; ils mangent, fument, dorment et touchent une solde plus que suffisante. Si ce sont des officiers de l’active, ils sont dans leur métier ; si ce sont des officiers de réserve, la vie civile serait certainement plus ingrate pour eux que la vie militaire en ce moment.
Pendant ce temps, Pitou creuse des tranchées péniblement, monte la garde au créneau, au poste d’écoute, y reçoit les obus, les bombes, les coups de fusil, les schrapnells, est envoyé à dix pieds en l’air ou est descendu dans le néant par la mine sournoise ; il mange un brouet clair et touche 0 francs 05 par jour, octroyés par la nation reconnaissante ; jusqu’à présent la guerre est menée en première ligne par les chefs de section, sous- officiers et caporaux.
On doit penser que l’ultime sacrifice est dû par tous ; on objectera que nombreux sont les officiers tombés au champ d’honneur ; ceux-là, au début de la campagne, étaient pleins d’espoir ; c’étaient les professionnels qui voyaient enfin les possibilités d’un avancement rapide dans une carrière qui paraissait fermée pour longtemps. Il y avait les enthousiastes, les convaincus, et sans doute des héros. Mais comme cette petite phalange a vite fondu...

Aujourd’hui, il n’y a plus que des officiers qui n’ont que le souci de faire cette guerre au mieux, d’en tirer tout le parti possible et de rentrer chez eux sains et saufs pour conter leurs exploits ;  on les écoutera bouche bée aux 5 à 7 ; ils pourront dire ce qu’ils voudront ; Pitou, seul, qui aurait son mot à dire, ne sera pas invité.
Voici un petit exemple : le 2 Juillet, le capitaine Salin, ancien officier d’active,4me Cie, 30e territorial, en tranchée de 2ème ligne, au ravin de Courtes-Chausses, tient sa compagnie en réserve.
Une attaque se produit à deux heures du matin ; il fait immédiatement porter tous ses hommes aux créneaux de 1ère ligne et lui... reste tranquillement dans son lit, dans son abri confortable, gardé par une sentinelle qui a charge de le réveiller si l’affaire tourne mal.

Si je vous conte ceci, ce n’est pas par jalousie ni par haine, mais pour dire simplement ce qui est et pour que votre admiration sache ne pas se galvauder.

 

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Prochaine note: 8 juillet

 

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