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24/06/2016

24 juin 1916

 Que je regrette de manquer de temps et de force pour vous dire mon départ de la Cote 310 dans cette nuit du 23 au 24... nuit noire illuminée seulement par le tir des projectiles et l’incendie de Montzéville dont les ruines brûlaient.
Je suis fourbu, j’ai 36 heures de travail sur pied, je n’ai pas pris un instant de sommeil et j’ai marché 25 km. Pour descendre de la Cote 310 à travers les trous, les précipices, nous avons dû lutter héroïquement pour sauver notre matériel ; j’ai failli perdre mon caporal Barbarin qui, alourdi de son fourniment, était tombé à plat ventre dans un trou de 4 mètres de fond. Nous l’avons retrouvé grâce à ses appels.
Au bas de la Cote, impossible de rassembler mes voiturettes car les mulets effrayés ne voulaient plus rester en place ; leurs conducteurs ne pouvaient les retenir et ne s’acharnaient pas à les violenter. Aussi, malgré mes appels impératifs, ce fut une fuite éperdue vers l’arrière ; nous nous sommes retrouvés au bivouac, mais ils avaient gagné l’étape au sprint.., ce qui d’ailleurs ne leur valut pas des compliments.
Joint le régiment à cinq heures du matin : marche vers Osches, à la halte-repos, grande revue et remise de décorations (à ceux du bivouac bien entendu, enfin justice est faite...) ; déjeuner sur l’herbe arrosé par les pluies du ciel.
Arrivée à Osches à 15 heures : nettoyage, course au pinard, bavarding avec les copains des compagnies retrouvées, et enfin, je vais pouvoir dormir...
Réveil Dimanche à 4 heures : jus, départ à 5 heures.

Erratum : Nous n’allons pas comme je l’avais cru au repos ; mais aucune inquiétude à avoir : nous ne reverrons jamais ce que nous venons de quitter.
Comme c’est gai de retrouver les villages de l’arrière ; c’est beau, la paix... les champs de blé, les paysans, les femmes, les vieux, les adolescents... Cela nous ravit de contempler ces êtres et ces choses ; nous sommes depuis si longtemps sevrés de ce qui fait une société.

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prochaine note : 26 juin 2016

 

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