Le blog de Félix Basin

 Une certaine agitation s’est manifestée au 30ème où les officiers partent pour le 3ème tour de permission alors que le “bourricot” (j’ai nommé le soldat de 2ème classe et même de 1ère) attend toujours son 2ème tour ; aussi on vient, à la suite de cette agitation, de porter le pourcentage à 10%, ce qui fait que je peux espérer venir en Septembre si rien de”définitif” ne survient...

prochaine note : 4 octobre 2016

 Je vous envoie les photos relatives au bombardement qui a démoli mon abri et dans lequel j’ai été légèrement blessé.
Comme vous le voyez, je “pose”encore, j’ai un peu les reins malades, mais çà tient tout de même ; le trou noir du fond à droite est celui fait par l’éboulement sous lequel j’étais ; le torpillage a eu lieu de trois heures à six heures du soir.
La torpille qui m’était destinée est arrivée à 16h30. Comme vous pouvez le constater, un Auvergnat, en plus de la tête, a les reins assez solides ; seulement je crois un peu au miracle depuis celui-ci.

Troisième photo : vous pourrez constater le sus-dénommé Basin parti dans le pays des rêves ; il est pris par son copain Le Cor qui, trouvant ce tableau remarquable, en fait une photo pour la postérité.

photo prise en Argonne par Le Cor, vraisemblablement en février ou mars 1916 (avant le départ pour Verdun)

prochaine note : 27 septembre 2016

Au moment de vous envoyer ma lettre quotidienne, je suis obligé de rompre l’enveloppe pour y ajouter la lettre ci-jointe de mon capitaine et vous annoncer que je viens d’être cité à l’ordre du jour (décoré de la Croix de Guerre). La citation en est ronflante et j’en suis heureux pour toi et ma fille.
Elle vous servira à montrer aux gens sceptiques que je fais mon petit devoir ; mais la lettre du capitaine est déjà un fait rare étant données nos relations sèches.

citation à l'ordre du régiment (document officiel du 17 septembre 1916)

prochaine note : 23 septembre 2016

On dit que... On dit que...
Parmi tous ces "on-dit", voici le dernier : le 30ème rentrerait à Paris d’ici deux mois, quelque peu vieilli, puisqu’il laisserait ici ses jeunes classes, c’est-à-dire les classes 97-98-99.
Mais je crois surtout que nos hommes prennent leurs désirs pour des réalités ; pour moi, je pense que nous resterons où nous sommes. D’ailleurs, je désire finir la campagne ici et rentrer après la victoire. Alors seulement, je jouirai de la paix à tes côtés ; aussi c’est elle que j’attends et souhaite ardemment.

prochaine note : 8 septembre 2016