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30/06/2017

30 juin 1917

Rien de sensationnel à vous dire, sinon que notre travail de nuit est assez pénible ; enfin, s’il est utile, ne le regrettons point.

prochaine note : 18 juillet 2017

20/06/2017

20 juin 1917

Il se confirme que le 30e serait retiré de ce secteur.
Les nouvelles de l’Orient ne sont pas fameuses ; les Russes semblent devoir se retirer de la lutte, il y a déjà longtemps qu’on pouvait prévoir leur abandon.

première guerre mondiale,tranchées,champagne,1914-1918

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prochaine note : 30 juin 2017

15/06/2017

15 juin 1917

Nous continuons notre travail dans le secteur de la Main de Massiges ; on nous emploie surtout à faire des tirs de représailles et des tirs qui doivent aussi contrarier l’ennemi dans ses travaux de nuit.

prochaine note : 20 juin 2017

12/06/2017

12 juin 1917

Depuis hier, je roule dans ma tête la terrible nouvelle de la mort de ce brave Chauveau. J’avais un ami ; je suis seul aujourd’hui. C’est un des jours où j’aurai le plus maudit la guerre...
Vous ne me dites rien du drame, mais je sais qu’il a dû bien mourir... C’était un si grand cœur...
Cette terrible fin nous dit une fois de plus qu’on n’est pas sur cette terre pour être toujours heureux. Sans envie malsaine, sans aucune espèce de jalousie, n’avions-nous pas souvent constaté la réussite de ce bon ami et le bonheur de son foyer ? A nos jours sombres alors que leur vie sans nuage nous paraissait merveilleuse, je disais que cette félicité me faisait peur...
Pour lui, c’est fini, mais combien l’approche du danger a dû le rendre malheureux pensant à sa chère femme et à sa petite tant attendue, tant désirée et abandonnée dès son apparition... Que de regrets pour ces deux malheureuses... Plus le destin se fait attendre, plus il semble frapper durement...

prochaine note : 15 juin 2017

 

10/06/2017

10 juin 1917

Votre dernière lettre est désastreuse...
Comment, depuis tant de jours la famille Chauveau est sans nouvelles ? Un si long silence est plein de menace...
Si mon pauvre ami n’est pas prisonnier, le pire doit être à redouter.
Rassurez-moi dès que vous le pourrez.

prochaine note : 12 juin 2017

09/06/2017

9 juin 1917

Ce soir - Vendredi 18 heures -
Notre déplacement est décidé ; demain, nous retournons au camp I et dans la nuit je monte en ligne. Je vais donc me retrouver en tranchée ; j’en suis satisfait, car rien ne me gêne plus que d’être loin de vous pour un service militaire. En combattant soit, je fais œuvre vive et j’espère utile ; il me faut cette grande compensation morale pour me faire accepter cette douloureuse séparation.
Si je dois vous écrire un peu succinctement ces jours-ci, ne m’en veuillez pas trop ; quand, à mon poste, j’aurai installé mon service et assuré mon secteur, et qu’en moi-même convaincu de vous avoir bien protégées, enfin je serai libre, alors je bavarderai.
Aujourd’hui, sur la route, j’ai reconnu dans un cycliste un de mes clients (Pannard, de la rue de Turin). Je l’ai invité à déjeuner à notre mess ; j’ai pu lui offrir une soupe, un morceau de saucisson de cheval ( immangeable à cause du poivre), de la purée et un jus quasi royal. Il était ravi et ne sut comment s’acquitter.
Depuis le début, près de Mourmelon-le-Petit, à Cuperly, cycliste aux “tringlots’, il ne connaît pas la tranchée et ne souhaite pas la voir dès maintenant ; sa curiosité sera satisfaite après la guerre si l’agence Cook organise des excursions aux lignes de combats. Il y a encore des gens sincères...
Ce pauvre homme, comme chacun, trouve la guerre très longue; néanmoins, il a tait une déclaration, à table, disant : “qu’il fallait tenir car l’Allemagne agonise, car l’Allemagne se meurt... qu’il serait désastreux d’avoir fait tant de sacrifices pour en perdre le bénéfice...” Puis il nous a dit ses craintes de se voir relevé, car il a ses habitudes, il mange à une table et dort dans un lit. L’aléa le trouble....
A entendre ces choses, ma conscience a chaviré et je m’interroge avec anxiété : devons-nous, nous qui sommes entraînés, souhaiter l’arrivée de ces chers “inquiets” qui depuis toujours nous soutiennent et galvanisent notre résistance ?
Dieu seul sait ce q
u’ils souffrent de voir notre impuissance , combien ils tremblent alors que nous semblons fléchir, leur “allant” quand nous nous ressaisissons. Après ces terribles alternatives, peut-on humainement leur offrir de venir à nos côtés ?
Je ne parle pas des souffreteux ; ce sont nos victimes ; c’est notre faute s’ils se sont reconnus tels... La guerre n’aurait qu’à finir que nous les retrouverions, en bonne forme physique, prête à faire le coup de poing pour monter les premiers en autobus, prendre un coin dans un wagon, faire des matches de foot-ball ou conduire les cotillons. Nous ne pensons qu’à nous ; l’homme est un égoïste et le combattant est l’égoïsme même...

prochaine note : 10 juin 2017