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13/06/2016

13 juin 1916

 Le soleil nous avait fait croire à sa réconciliation... il faut abandonner toute espérance ; c’est à nouveau les mauvaises journées qui nous font presque regretter l’hiver.
Nous sommes dans la boue, obligés, de faire des prodiges quand nous voulons nous étendre pour n’être pas absolument noyés ; nous récoltons tout ce que nous pouvons trouver : tôle, bâches, morceaux de bois, vieille armoire, vieux sommier (d’où sont-ils venus ?) pour arrêter cette boue liquide qui nous enrobe.
Il y a des stalactites dans nos gourbis, voire même des stalagmites... Heureusement notre Compagnie qui est au bois St-Pierre fait tout le nécessaire pour nous envoyer le ravitaillement possible (ce qui ne va pas bien loin).
Enfin, nous améliorons autant que nous pouvons notre situation, mais je crois que nous rentrerons bien décrépis... Comme les heures sont longues à vivre cette existence de cloportes...
Aussi ne faut-il pas tant admirer et crier au courage lorsque l’on s’élance sur le plateau malgré la rafale ; si vous saviez ce que c’est bon de pouvoir aller le nez au vent avec l’horizon devant soi...
Est-ce vivre que d’être des semaines dans
un tombeau ? Jusqu’alors on n’y mettait que les morts ; pour moi, plutôt mourir au soleil que de vivre ainsi enterré.

prochaine note : 15 juin 2016

 

12/06/2016

12 juin 1916

PENTECÔTE : Quel beau jour... Gel, neige, bourrasque et ... l’Allemand.
Finette, ma petite chienne, va mieux ; elle aussi fait sa guerre et courageusement attaque les rats.

prochaine note : 13 juin 2016

 

06/06/2016

6 juin 1916

Et notre vie continue : lutte contre l'Allemand, lutte contre les éléments et privations matérielles poussées à l’extrême. Nous n’avons qu’un repas par jour et encore nous n’en savons pas l’heure; il faut vivre sur ses réserves et attendre qu’il fasse noir pour entendre l’appel du voiturier qui vient de l’arrière à travers le bombardement nous apporter quelques provisions ; entre autres, de l’alcool solidifié pour faire chauffer ce que nous “pourrions avoir”...

prochaine note : 12 juin 2016

01/06/2016

1er juin 1916

Nous sommes devant Cumières, Chattancourt, Mort-Homme, Cote 304, villages et crêtes détruits dont les noms seuls resteront dans l’histoire.
J’avais oublié de vous dire qu’une petite chienne recueillie dans ma marche sur Verdun ne m’a pas quitté et que j’ai dû la soigner du mieux que j’ai pu pendant ces rudes journées ; c’est un petit fox qui ne comprend rien à cette bataille sanglante sinon qu’elle y souffre aussi; elle y a attrapé un mal d’yeux qui la rend presque aveugle et en ce moment elle est presque dans le coma ; j’ai pourtant tout fait pour la sauver partageant avec elle mon quart de boisson chaude, obtenu avec bien des difficultés, afin de pouvoir lui laver les yeux.

prochaine note : 6 juin 2016