Le blog de Félix Basin

Les effectifs américains arrivent - mais ce sont surtout des noirs, les plébéiens du Nouveau Monde, ceux qui seront sacrifiés. Les autres, les beaux, que vous avez applaudis sur les Grands Boulevards de Paris sont soigneusement réservés.
Bordes notre cuistot n’en revient pas ; il m’a fallu toute mon autorité pour lui faire accepter que ces Noirs étaient américains. Il ne connaît ces derniers que sous l’aspect d’athlètes parfaits, bien habillés, avec une mâchoire d’or et des dollars pleine les mains.
Ces pauvres hères, plutôt mal bâtis, fatigués, résignés avec un sourire forcé lui inspirent de la pitié, alors qu’il avait en réserve des trésors d’admiration à prodiguer.
Pensez : il savait déjà crier : “ Hip, Hip , Hurrah...” et ce cri, maintenant lui parait séditieux et lui reste dans la gorge.

dessin de Félix Basin, 1918

prochaine note : 25 avril 2018

Il fait très froid, il neige sur toute la campagne.

prochaine note : 20 avril 2018

De grands travaux de défense sont entrepris vers Massiges, la Tête de vipère, etc... On pourrait peut-être dire des travaux d’offensive, car l’idée est que le début de l’été ne se passera pas sans un grand effort de notre part.

Affiche réalisée par les enfants de Paris, 1918, pour soutenir l'effort de guerre

(Fonds Félix Basin)

C’est le Printemps...
Si l’ami Fritz était à sa fenêtre pour écouter la fauvette chanter, lui qui a l'âme tendre, il a dû être surpris du bruit de tonnerre qu’a dû faire le gros 320 en éclatant pour célébrer le renouveau.
Car il est parti ce gros “bouzu” et il doit même être arrivé. C’est une politesse que nous leur devions ; je crois même que, généreusement, nous allons continuer.

Affiche réalisée par les enfants de Paris, 1918, pour soutenir l'effort de guerre

(Fonds Félix Basin)

prochaine note : 1er avril 2018

Peut-être aurez-vous lu que l’aviateur Richthoffen a été descendu ; c’était l’as allemand ; ses compatriotes lui comptent 79 victoires.
Vous vous rappelez sans doute mon récit fait à l’époque de ma dernière permission, dans lequel je vous disais avoir échappé de bien peu d’être mitraillé à très courte distance par un aviateur ennemi; eh bien, c’était ce titi-là.
Cela nous e été certifié par le Commandant ; d’ailleurs son avion, surnommé Fantômas (ce qui veut dire brigand, assassin, je crois) avait été nettement reconnu.
Ceci augmente mon dépit d’avoir été empêché de le tirer (ma mitrailleuse étant aux mains d’un merveilleux incapable) ; non... mais me voyez-vous f...tant par terre le Zigoto Fantômas Enfin, si je ne l’ai pas eu, je peux au moins me vanter de lui avoir échappé ; il n’a pas été plus malin que moi et mon honneur est sauf...
D’ailleurs il m’est bien inférieur aujourd’hui, puisqu’il est mort et que je suis encore en vie.

Affiche réalisée par les enfants de Paris, 1918, pour soutenir l'effort de guerre

(Fonds Félix Basin)

prochaine note : 21 mars 2018

Depuis que je suis de retour de permission la vie me paraît pénible ici ; nous faisons une garde sans doute utile mais monotone...
Cote 202, près Valmy - Cependant voici que l’on installe sur un épi de voies ferrées, apporté par train blindé, un “truc” monstre sur lequel un canon aussi monstrueux est installé.
Il paraît que c’est pour répondre à la fameuse «  Bertha  »” et porter au loin la dévastation. Je vous donne quelques détails sur ce Titan démolisseur :
sachez que le « truc  », châssis d’acier, est d’une longueur de 25 mètres, portant sur deux groupes de dix roues à chaque extrémité ; le canon de 320 a 8 mètres de long ; le poids de l’obus est de 380 à 400 kg. et sa hauteur de 1 m,40 ; il est présenté à la culasse du canon sur un chariot de fer ; sa portée est de 25 kilomètres.
D’ici deux à trois jours nous assisterons à ses débuts, de grandes précautions sont prises pour éviter des accidents possibles par le déplacement d’air lors du tir.

Affiche réalisée par les enfants de Paris, 1918, pour soutenir l'effort de guerre

(Fonds Félix Basin)

prochaine note : 18 mars 2018