10/06/2015
10 juin 1915
Le Futeau -Forêt d’Argonne.
Arrivée ici après une marche de nuit pénible commencée par une chaleur accablante et terminée sous un orage des plus violents - le sac est terriblement lourd après cette marche de nuit - .
Nous avons traversé Clermont-en-Argonne : vision d’ épouvante ; des ruines, des pans de murs calcinés, pas une maison entière. Trois heures du matin : on marche toujours, la fatigue augmente et aussi la mauvaise humeur, on grogne ferme. Encore 3 km... Le Futeau, enfin...
Halte : nous disposons d’un squelette de grenier ; plancher vermoulu; attention où l’on pose le pied... Bruit : voilà un camarade qui disparaît au rez-de-chaussée ; deuxième secousse : l’échelle qui supportait des poilus pressés se rompt - un peu de casse - c’est peu de chose pour le temps présent.
On se jette sur un semblant de paille ; le harnachement est abandonné et tout de suite un ronflement sonore peut faire croire que l’on est dans un garage où les moteurs sont à l’essai.
Pensez : il avait 23 heures que nous étions debout...
Six heures du matin, un cri: “Au jus”.
Une bordée d’injures d’une part ; un “tollé” de satisfaction d’autre part ; les uns veulent dormir, les autres boire.
Mais il faut bien se lever car le bruit devient impossible et puis il faut aller toucher les vivres et se nettoyer... et fourbir les armes.
Enfin cet après-midi, repos. Bien vite, je vais dormir ; mais je sais que je vous dois des nouvelles et je m’acquitte de cette tâche avant de m’abandonner à Morphée.
prochaine note: 11 juin
06:00 | Tags : première guerre mondiale, argonne, tranchées, 1914-1918 | Lien permanent | Commentaires (0)
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