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16/05/2017

16 mai 1917

Oui, la fatigue commence à peser. Je dois avouer qu’il faut se faire un peu violence pour conserver un bel optimisme, mais enfin, je le maintiens quand même : tant que l’on souffre, on est vivant et le tout est de vivre.
J’ai reçu ce jour une carte quelque peu énigmatique de mon ami Chauveau ; j’ai peine à démêler le sens exact ; il me dit être revenu de bien des choses ; qu’est-ce que cette pensée peut cacher ?... Néanmoins, il termine par ce mot :
“Tenons” ; c’est bien mon avis.

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prochaine note : 28 mai 2017

08/05/2017

8 mai 1917

En ligne - Je viens de trouver dans ma tranchée un petit endroit écarté où de vous écrire en paix j’ai la liberté.
Alors, vous avez douté que j’étais capable de faire du linge blanc ? Le fait est pourtant exact, d’autant que le blanc pur est très relatif, il n’existe pas.
Tu me dis qu’on vous raconte dans la presse beaucoup de choses inexactes ? Et à nous donc... le Ministère de la Guerre nous en conte bien d’autres...
ON nous avait dit : “Dans chaque Compagnie, faites des économies, achetez votre pain à l’intendance et la différence vous sera versée en fin de mois comme boni dont chaque homme touchera sa quote-part... et nous venons de toucher 0 f, 30 (sic).

ON nous avait dit : “Les combattants en ligne toucheront une indemnité de UN franc par journée de tranchée et cela à partir du 1er Avril”. Moi, tout joyeux, qui avais 22 jours de ligne (un record), j’allais toucher la forte somme et prévoyais déjà la formation de la dot de ma fille ; je m’étais dit : “Ma souffrance sera son bonheur”.
Mais d’un trait de plume, on a biffé cette belle promesse et reporté sa réalisation au 1er Mai. Et puis, et puis... toutes sortes de restrictions entortillent encore cette seconde promesse.
ON nous a dit : “Toucheront la haute paye les ceuss... qui combattent depuis deux ans et qui ont fait leur service antérieurement”. J’en suis, mais cette fois, disciple de Saint-Thomas, je ne crois plus.
Arrière, saltimbanques des Folies-Bourbon, et puisqu’on ne vous réclame rien, f... nous la paix ; la paix de votre verbiage, s’entend, car l’Autre, cela nous regarde ; nous ne comptons pas sur vous.
Ici, nous sommes en subsistance. . Ce qui est curieux, c’est que je viens de retrouver Laurent (le professeur de philosophie) comme sergent-fourrier. C’est lui qui est chargé de nous substanter. Donc ce soir, on nous a apporté un brouet noir dans une vaste gamelle ; nous n’avons jamais pu nous mettre d’accord pour savoir si c’était de la soupe ou un plat de légumes ; mais nous avons identifié des lentilles, notre portion de viande avait été oubliée ; un hareng saur complétait heureusement le menu ; un quart de jus arrosait le tout.
Puis pour nous donner l’illusion d’une fête, après ces agapes, à 20 heures, l’ennemi nous offrit un feu d’artifice magnifique. A cette heure, j’ai l’esprit lucide, n’étant pas fatigué par une digestion laborieuse et... quand l’estomac va, tout va. Et maintenant, comme à mes vingt ans je suis convaincu que l’on peut vivre d’amour et... de jus frais.

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prochaine note : 16 mai 2017

04/05/2017

4 mai 1917

Envoyé dans le secteur de Beauséjour pour y reconnaître des positions éventuelles d’abris de mitrailleuses, je viens de parcourir quelques 22 km, tant à bicyclette qu’à pied, ce qui n’est pas drôle.
Comme vous le constatez, je ne quitte guère la Champagne. La chaleur y est déjà très dure; quelle transition en peu de jours... Mais enfin Phébus nous donne quelques avantages ; plus de soucis pour faire le feu, pour préparer les aliments chauds, possibilité de se laver à toute heure et de faire subir le même sort à ses vêtements, que l’on peut faire sécher ; coucher au besoin sans abri, enfin tous les bénéfices que donne la saison plus clémente.

première guerre mondiale,tranchées,champagne,1914-1918

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 prochaine note : 8 mai 2017

25/04/2017

25 avril 1917

Déplacés à nouveau, nous sommes sur le front de Champagne, vers la Butte du Mesnil. Il fait un temps de chien, il neige presque tous les jours.
Hier par exemple, nous avons eu une tempête de neige, ce matin, il gelait fortement et ce tantôt re-neige... J’admire cette constance des éléments, c’est un enseignement de la continuité dans l’effort. Pourvu qu’il fasse beau au 15 Août, jour de la pendaison de l’Empereur (demandée par le “gentleman” Lloyd George), tout est là.
Si j’osais vous faire une confidence, je vous dirais que les Boches sont comme nous enrhumés ; je les ai entendu tousser aux petits postes et j’ai bien regretté de n’avoir pas de pastilles Valda ; à défaut de cela, on leur a f... des grenades, cela peut leur rappeler Séville et les pays du Soleil..
Pays du Soleil, quel rêve... Ah, la sale Champagne... Et dire que c’est vers l’Est que tendent nos efforts ; pourquoi l’Allemagne n’occupe-t-elle pas la place de l’Espagne ? Pourquoi Phébus nous boude-t-il, pourquoi ?.. Oui, après tout, pourquoi ne suis-je pas avec vous sur les rives de la douce Méditerranée ?

prochaine note : 4 mai 2017

20/03/2017

20 mars 1917

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saillant de la Côte 142, secteur du Cornillet, 6ème compagnie du 130 RI

(noms écrits au dos de la photo : P.P. Ollivier, Cap. Clairet, soldat Loudil (?), soldat Bouillie (?), sergent Rabaud)

prochaine note : 25 avril 2017

08/03/2017

8 mars 1917

J’ai retrouvé mes compagnons à la Thibaudette, me revoilà  de nouveau en Argonne.

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prochaine note : 20 mars 2017