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06/01/2018

6 janvier 1918

Champagne
Un jour livide s’est levé ce matin sur un blême paysage de guerre - Tout est morne, triste, vide ; tout est mort... Désert blanchâtre...

Devant nous un entonnoir de 70 mètres de diamètre ; c’est l’emplacement du Moulin de Souain, dernier témoin de la lutte de mines menée au début. Un silence écrasant pèse sur ce lieu sinistre ; nous avançons muets dans ce froid silence...
A l’horizon que je retrouve aujourd’hui : Perthes, Tahure, la Butte de Souain, Maisons de Champagne... la même tristesse et la même boue...
Vous dirai-je à nouveau nos travaux ? A quoi bon, l’arrière le sait assez et l’avant le sait trop... Il y a si longtemps que nous peinons et que nous racontons nos efforts : une tranchée, un boyau, tout le monde sait comment c’est fait...

prochaine note : 15 janvier 2018

05/12/2017

5 décembre 1917

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(poème du sergent Le Pladec, fonds Félix Basin)

La bague

Il a quitté depuis ce matin la tranchée

Lavé dans le ruisseau sa capote tachée

De vert tendre et de jaune aux parois des boyaux

Nettoyé son fusil rouillé dans les créneaux.

Puis, heureux de se voir pour quelques heures libres

Par ce matin d'octobre, en la forêt qui vibre

A l'infini, semant sa feuille au gré du vent

Il veut travailler seul et s'exile en rêvant.

Il coula l'autre soir dans un moule de pierre

La tête d'un obus tombé sur la carrière

Sous les doigts patients du soldat de chauffour

L'engin va se changer en un gage d'amour

Pendant que vers Soissons, là-bas, gronde un bruit vague

De canonnade, il va ciseler une bague

Dans ce métal qu'hier a vomi le canon.

L'artiste, car on peut l'appeler de ce nom

Se met de tout son cœur à ce charmant ouvrage

Qui s'orne, sous ses doigts, de fleurs et de feuillages.

C'est un arbre où s'enroule un tout petit serpent

Une branche, un bouquet de cerises qui pend

Ou bien un lys penchant doucement sa corolle.

Un cœur sur le chaton, mieux que toute parole,

Saura dire à l'épouse ayant reçu sa foi,

Là-bas dans notre bijou : "Je t'aime et pense à toi!

C'est pour toi que j'ai fait cette chose jolie,

C'est pour toi qu'avec tant de soin je l'ai polie,

Et je veux qu'à ton doigt tu la portes toujours,

Sur l'alliance d'or de nos chères amours.

Cet anneau, c'est un peu de moi que je t'adresse.

Je veux que le dimanche, en sortant de la messe,

Tu le montres, le front de bonheur rougissant,

En disant aux amis : "C'est de mon cher absent!"

Lorsque tu trouveras l'heure plus triste encore,

Que les pleurs dans tes yeux seront tout près d'éclore

Et que d'attendre en vain ton cher cœur sera las,

Ma bague te dira que ton soldat, là-bas,

Ne veut pas que tu pleures et te crie : Patience

Sois courageuse et forte encore... pour la France!"

 

prochaine note : 23 décembre 2017

25/11/2017

25 novembre 1917

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prochaine note : 5 décembre 2017

24/10/2017

24 octobre 1917

 

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"Ma chère fille,

En voyant cette aimable binette, tu voudras bien me plaindre un peu plus. Que je sois obligé de faire la guerre c'est déjà très dommageable à ma douce santé, mon cœur (de part votre faute) saigne douloureusement. Mais que ma vue si délicate soit offensée de pareilles visions, c'en est trop. Certes Darwin avait fait son voyage en Allemagne alors qu'il formulait son affirmation sur l'origine du bipède ci-présent.

Triste guerre, où l'homme se bat contre le singe, allez donc vous étonner après cela, infortunés Poilus, si vous en mangez si souvent! Mais vraiment ce ne peut être de la même espèce car certes nous serions empoisonnés.

Je n'ai qu'une peur, c'est que des profondeurs de la terre (j'aurais pu dire De profundis, ça aurait été plus court) ils ne ressuscitent, et que nous les retrouvions dans l'après guerre accrochés à nos grands arbres, toujours aussi grimaçants, aussi malfaisants. Si l'on voulait m'en croire, on laisserait faire les Américains, gens pratiques. Ceux-ci, en leur soufflant l'idée, n'hésiteraient pas un seul instant à les accommoder en viandes de conserve, la mise en boîte serait de rigueur et après la guerre on les passerait aux jeunes boches affamés. Nous ferions des bénéfices appréciables car ils sont gros mangeurs. Et enfin on pourrait vendre sur le nom véritable de singe de conserve.

Quoi! Ne criez pas au scandale, n'est-ce pas aux pères à nourrir les enfants?

Donc je suis moral, je suis pratique par dessus le marché.

Au revoir ma chère Raymonde

et surtout conserve ton calme,

ma folie est très douce."

prochaine note : 2 novembre 2017

 

17/10/2017

17 octobre 1917

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Ma Chère Petite Ray,

Remercie le ciel de t'avoir conservé des écoles plus confortables que celle dont je t'envoie l'image. Tu apprécieras la gaie vision que nous avons quand par hasard nous sommes au repos dans un village du front, et le confortable qu'on y peut rencontrer.

A toi bien paternellement

prochaine note : 24 octobre 2017

 

12/10/2017

12 octobre 1917

Nous faisons maintenant un service assez compliqué ; le jour : en ligne ; la nuit : nous allons sur des points repérés faire des tirs sur les travailleurs ennemis, les empêchant de fortifier en tranquillité leurs positions.

prochaine note : 17 octobre 2017