23/06/2015
23 juin 1915
Enfin, j’ai reçu ce colis tant attendu ; mais je crois que le plus heureux a été mon camarade Garnier qui m’avait laissé comprendre son désespoir de n’avoir rien à se mettre “dans le nez”. Aussi, vous dire le succès de votre tabac à priser que j’ai pu lui offrir ; il s’en est offert une telle prise qu’un éternuement violent s’en est suivi et l’ennemi en a pris la fuite de peur....
Ainsi s’est terminée cette attaque brusquée.
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22/06/2015
22 juin 1915
Toujours en tranchée : la misère y est augmentée de mille et un petits inconvénients. D’abord, la grande chaleur, puis le manque d’ eau ; avec un “quart” il faut se laver la figure, faire sa barbe, se laver les mains et avec le restant faire sa vaisselle.
Puis, suivant l’expression pittoresque de mon ami Le Cor, “nous sommes violemment contre-attaqués par les mouches” ; il y en a partout et cela s’explique si l’on pense que tous ces hommes vivent là, au milieu de leurs détritus et de leurs résidus personnels.
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21/06/2015
21 juin 1915
La situation est toujours à peu près la même ; les tranchées sont insignifiantes et les nuits, que nous passons cassés en deux, nous laissent complètement fourbus.
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14/06/2015
14 juin 1915
Je suis depuis plusieurs jours sans lettre ; j’habite dans les bois de la Grurie ; il y a ici un peu de toutes les armes, notamment de l’infanterie de marine. Derrière notre position est l’emplacement occupé, l’hiver dernier, par les Garibaldiens; les combats ont dû y être très durs car les bois sont totalement dévastés et partout des petits “tumuli” accompagnés d’un entourage fantaisiste sont surmontée d’une croix de bois, la seule qui soit donnée à tous sans distinction.
Nous allons installer des défenses de 1ère ligne ; c’est un travail dangereux et pénible ; heureusement, je n’y suis plus employé comme soldat.
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11/06/2015
11 juin 1915
Nous sommes partis du Futeau pour venir coucher aux Islettes, joli pays au milieu de la forêt d’Argonne. Nous avons passé une nuit réparatrice. A l’heure qu’il est, avec mon ami Laurent, nous savourons un bon café au lait obtenu d’une personne du pays et, le comble du confort, nous avons une chaise et un morceau de table... Oh... s’asseoir sur une chaise, jamais je n’aurais cru que ce pût paraître si bon, si nouveau. Que sera-ce si, un soir, il m’est donné de coucher dans un lit ?
La personne qui a bien voulu nous recevoir est une réfugiée dont le mari est à la frontière employé au Chemin de fer de l’Est. Habitants du midi, ce sont des expatriés qui attendent avec impatience le retour dans leur foyer.
Et nous donc ?
J’ai pu apprendre par elle combien les allemands avaient payé cher leur avance et combien leur recul fut précipité après “la Marne”. La Meuse qui n’est pas précisément un ruisseau était coupée à quatre passages par le barrage de cadavres ennemis.
Les Allemands sont maintenant blottis en arrière de la forêt et dans des trous profonds ; il sera difficile de les en déloger.
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10/06/2015
10 juin 1915
Le Futeau -Forêt d’Argonne.
Arrivée ici après une marche de nuit pénible commencée par une chaleur accablante et terminée sous un orage des plus violents - le sac est terriblement lourd après cette marche de nuit - .
Nous avons traversé Clermont-en-Argonne : vision d’ épouvante ; des ruines, des pans de murs calcinés, pas une maison entière. Trois heures du matin : on marche toujours, la fatigue augmente et aussi la mauvaise humeur, on grogne ferme. Encore 3 km... Le Futeau, enfin...
Halte : nous disposons d’un squelette de grenier ; plancher vermoulu; attention où l’on pose le pied... Bruit : voilà un camarade qui disparaît au rez-de-chaussée ; deuxième secousse : l’échelle qui supportait des poilus pressés se rompt - un peu de casse - c’est peu de chose pour le temps présent.
On se jette sur un semblant de paille ; le harnachement est abandonné et tout de suite un ronflement sonore peut faire croire que l’on est dans un garage où les moteurs sont à l’essai.
Pensez : il avait 23 heures que nous étions debout...
Six heures du matin, un cri: “Au jus”.
Une bordée d’injures d’une part ; un “tollé” de satisfaction d’autre part ; les uns veulent dormir, les autres boire.
Mais il faut bien se lever car le bruit devient impossible et puis il faut aller toucher les vivres et se nettoyer... et fourbir les armes.
Enfin cet après-midi, repos. Bien vite, je vais dormir ; mais je sais que je vous dois des nouvelles et je m’acquitte de cette tâche avant de m’abandonner à Morphée.
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