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25/04/2016

25 avril 1916

Le bruit court que nous allons être appelés à la bataille de Verdun... C’est bien notre tour.

prochaine note : 28 avril 2016

17/04/2016

12 avril 1916

Ce matin à cinq heures, le soleil brillait déjà à l’horizon. Avec la joie que donne la lumière, je saluai cette nouvelle journée. Je regardai ce tableau tragique si connu et que l’on contemple cependant à chaque instant comme si l’on devait y découvrir quelque chose de nouveau.
Devant moi, la croupe ravagée du “Fer à Cheval” rayée des nombreux boyaux conduisant à la première ligne et qui semble déserte. En effet, qui hormis nous pourrait croire que des êtres humains veillent dans ce silence sous cette terre chaotique ?
Vers la droite, les pentes des Courtes-Chausses donnent le même spectacle, cependant un peu plus mouvementé, car sur les flancs la Route Marchand y permet l’arrivée des ravitaillements à dos de mulet, la nuit, à travers mille obstacles. Plus loin, mais encore à notre vue, c’est Bolante et son plateau mystérieux ; que de combats se sont livrés là... Et que se passera-t-il demain ? A l’horizon : VERDUN, point si imposant que le monde entier fixe les yeux sur lui. Une rafale bruyante me tire de ma contemplation : derrière moi, ce sont les 75 qui vont rappeler à l’ennemi que le sol sur lequel il est n’est pas conquis.
Je suis des yeux le sillage que trace dans l’air l’obus rapide ; le point de chute est là devant moi un peu à ma gauche ; c’est l’Y, position tant de fois disputée ; le soleil dont rien n’arrête la course éclaire maintenant toute cette nature mouvementée ; l’Allemand rageur répond à notre brusque réveil ; et toujours lourd, sachant la nique que l’on fait à son 77, nous envoie ses 105.
Un bruit énorme, de la terre soulevée, des troncs d’arbres retournés, une lourde fumée qui lentement s’élève et presque aussitôt, comme pour faire oublier tout ce tonnerre, une gentille mésange envoie quelques notes gaies en picotant le tronc d'un bouleau mort.
Et comme malgré tout mon âme se plait aux choses aimables, j‘oublie la vilaine guerre étant si gentiment rappelé par cet oiseau charmant aux douceurs de la vie.

prochaine note : 25 avril 2016

11 avril 1916

En tranchée - Nous continuons à lutter contre les Boches et contre les rongeurs ; on se demande quels sont des deux les plus mordants.
Hier, les hommes de soupe (dont le hardi Nexon) ont rapporté des cuisines des colis magnifiques : Kremer surtout , avait un de ces veau froid à faire rêver et pour l’arroser une bouteille de Bordeaux à faire divaguer, puis des gâteaux, des sucreries, des fleurs.., enfin de quoi ébaubir une midinette, et pourquoi, direz-vous ? Sachez que c’était la St-Léon et Kremer porte ce prénom respectable.
Les ennemis eux-mêmes désireux d’être de la fête tiraient à profusion des fusées, des explosifs à rendre jaloux Ruggieri lui-même et à faire pâlir des feux d’artifice.

prochaine note : 12 avril 2016

27/03/2016

27 mars 1916

J’ai quitté Eclaron et me voici de nouveau à la Thibaudette où je retrouve mes vieux briscards moroses ; je crois que j’aurai quelque peine à me faire à leur résignation maussade alors que je viens de quitter tant de gaîté et d’entrain ; je serais heureux si j’ étais nommé dans un régiment de jeunes, cela plairait mieux à mon caractère... Mais enfin, nous ne sommes pas là pour nous amuser.
Je trouve Kremer au repos et j‘apprends qu'il a obtenu une citation, cela lui donnera droit à la Croix de Guerre, cette croix tant convoitée par ceux qui ne font rien et chichement donnée à ceux qui luttent, s’exposent ou meurent...
A l’État-major de mon régiment on m’a dit savoir que j‘étais proposé pour être sous-lieutenant, mais rien d’officiel. Que se passe-t-il ?
Je suis allé à Bellefontaine, commune mitoyenne, pour voir ce vieux Chauveau ; j’ai eu la malchance de le rater; je sais qu’il vit là à peu près tranquille ; s’il peut s’y maintenir, tout ira bien pour lui.
Je viens de réentendre le canon, enfin me revoilà dans la bataille ; demain, je saurai où je dois promener mes guêtres.

prochaine note : 11 avril 2016

25/03/2016

25 mars 1916

Notre cours s’achève et il s’achève dans la gaîté. C’est ainsi qu’hier au soir nous avons donné une représentation théâtrale dans le petit théâtre du pays ; j’y ai joué moi-même avec quelques camarades et voire même un pensionnaire de la Comédie-Française ; la pièce farce a été très réussie. Compliments, buffet, champagne...
Enfin, il va falloir retourner prendre contact avec la tranchée. Je sais dès maintenant que mes notes sont parfaites et le commandant m’a assuré de ma prochaine nomination ; elle devait même parvenir ici car l’état en a été dressé et présenté au Général Humbert qui devait signer la nomination ; si elle n’est pas arrivée demain matin, je devrais la trouver en rentrant au corps . D’ailleurs la ficelle conquise a été arrosée et fêtée par les jeunes aspirants.

prochaine note : 27 mars 2016

 

10/03/2016

10 mars 1916

Toujours à l’École - Ce matin, nous avons eu un cours particulièrement intéressant fait par un Commandant d’État-major du Grand Quartier Général. Nous avons pu apprendre des nouvelles très heureuses du front de Verdun ; sans commettre aucune indiscrétion, ce chef nous a fait des confidences comme à de futurs officiers ; en l’écoutant attentivement, nous avons pu surprendre dans sa causerie des choses importantes : nous “tenons” plus qu’heureusement à Verdun où nous avons 350.000 hommes et 7 corps et toutes nos forces ne sont pas arrivées.
Le G.Q.G. est enthousiasmé de l’infanterie qui fait merveille. Hier, c’est un régiment d’Auvergne (le 139ème d’Aurillac) qui a repris le Bois des Corbeaux ; c’est un fait d’armes splendide car ce bois était bombardé par l’artillerie lourde (105) allemande. Nos soldats ayant été à l’attaque si vite et de si grand cœur n’ont eu que des pertes insignifiantes. L’ennemi surpris et déconcerté d'être attaqué malgré sa barrière de mitraille a lâché pied.
L’État-major est à ce point confiant dans notre avance que le Génie se rend dans le secteur avec ses ponts de bateaux. Dès que l’ennemi cessera son attaque et montrera sa fatigue, nous lui tomberons dessus.
Voilà ce que je sais et qui doit être vrai.

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prochaine note : 25 mars 2016