30/07/2018
30 juillet 1918
Oui je plaisante après le drame vécu et cela vous étonne ? Vous ne pouvez comprendre la joie que l’on éprouve à se trouver debout, avec tous ses membres, alors que tant d’autres sont morts..
C’est sans nul doute un sentiment égoïste, mais je n’en ai pas vu beaucoup échapper à cet état d’esprit après quatre ans d’hécatombes.
Plus tard, quand nous songerons à tous les braves qui sont restés dans la tourmente, oui alors, nous aurons une grande peine et des souvenirs douloureux...
prochaine note : 5 août 2018
06:00 | Tags : première guerre mondiale, tranchées, champagne | Lien permanent | Commentaires (0)
28/07/2018
25 juillet 1918
Je viens de prendre un bon repos - un repos entier -. Après avoir retiré mes bottes qui depuis quinze jours, ne faisaient qu’un tout avec mes extrémités inférieures, je me suis endormi du sommeil du juste.
Au réveil, c’est avec une grande joie que je contemple notre cuistot préparant la popote ; on va manger à sa faim du rata chaud, boire à sa soif le pinard national, déguster un jus odorant, assis devant une vraie table ; la vie est belle...
Nos agapes devaient être magnifiques, mais des rescapés de l’attaque du 14 Juillet, libérés avant nous, étaient passés par notre campement de l’arrière et avaient fait subir le denier supplice à quelques pauvres “Janot” élevés avec soin par notre sympathique chef de popote pendant la période de préparation en juin.
En effet, nous devions faire un civet de victoire, mais... le mitrailleur propose et le faux frère dispose ; nous lui pardonnons car, lui aussi, devait avoir grand faim.
prochaine note : 30 juillet 2018
14:43 | Tags : première guerre mondiale, tranchées, repos | Lien permanent | Commentaires (0)
24 juillet 1918
L’ordre vient de nous parvenir de rentrer à notre bivouac Cote 202 ; nous quittons donc nos emplacements de combat ; un poste de garde est laissé en observation ; le fauve est vaincu...
prochaine note : 25 juillet 2018
14:40 | Tags : première guerre mondiale, cote 202, champagne, tranchées | Lien permanent | Commentaires (0)
18/07/2018
18 juillet 1918
Un peu de répit après la bourrasque. On consolide les positions acquises, on mange à peu près à l’heure et l’on dort d’un œil entre deux gardes ou surveillances.
Fonds Félix Basin
Photographie du lieutenant Le Cor, compagnon de Félix Basin depuis le début de la guerre,
juin ou juillet 1918
prochaine note : 24 juillet 2018
06:00 | Tags : première guerre mondiale, tranchées, le cor | Lien permanent | Commentaires (0)
16/07/2018
16 juillet 1914
Tout va bien, notre offensive est réussie et le dégât chez le voisin d’en face est considérable; il n’a pu sortir et c’est nous qui allons lui rendre visite.
L’aviation s’explique au-dessus de nous et nous recevons les éclats d’obus des tirs anti-aériens (le fantassin n’est jamais oublié dans les distributions, d’où qu’elles viennent).
Nous n’avons pas eu les gaz - çà, c’est de la veine —, le vent était avec nous.
Les premières lignes
Fonds Basin, photographie prise en juillet 1918
(dos de la photographie)
"La batterie de 75 la plus avancée
après l'attaque allemande de juillet 1918"
prochaine note : 18 juillet 2018
06:00 | Tags : première guerre mondiale, offensive, avions, gaz | Lien permanent | Commentaires (0)
15/07/2018
15 juillet 1918
15 heures - Çà y est, nous sommes en pleine bataille ; comme prévu, l’ouverture s’est faite le 14 Juillet, à 23 h 50. Seulement, avec cette différence que, prévenus par les renseignements de prisonniers ennemis, nous l’avons devancée de quelques minutes.
Un bombardement d’ensemble (de 75) précis et formidable, est tombé sur la ligne de départ prête à l’attaque, faisant une bouillie monstrueuse d’humains, cependant que les lignes de réserves étaient broyées par nos gros canons. L’artillerie ennemie elle-même, prise d’avance, fut fort mal en point ; ce n’est que longtemps après notre déclenchement qu’elle put répondre et sans succès.
20 heures - Le duel d’artillerie continue, formidable. C’est un déluge d’obus de tous calibres - Dieu, qu’il est bon d’être tout petit à de certains moments...
Seulement voilà, l’estomac a toujours la même capacité et le ravitaillement ne vient plus ; un quart de boule seulement reste à chacun ; c’est peu, d’autant que l’on ne peut savoir quand finira cette plaisanterie, si encore on pouvait dormir... Il y a des heures que nous n’avons pu nous livrer à cette douce pratique.
Je suis pour commander mes deux pièces de mitrailleuses dans un trou entre elles deux, trou que j’ai fait faire sur les indications d’un Capitaine de tirailleurs tunisiens ; il mesure 1m20 de profondeur sur 0m60 de large ; les épaules et la tête seules sont apparentes c’est évidemment un minimum de cible à offrir. Je suis aphone, tellement il a fallu hurler les ordres pour qu’ils soient entendus dans le tonnerre des départs et des éclatements.
Les premières lignes
Fonds Basin, photographie prise en juillet 1918
prochaine note : 16 juillet 2018
06:00 | Tags : première guerre mondiale, offensive, artillerie, mitrailleurs | Lien permanent | Commentaires (0)