06/07/2015
6 juillet 1915
Nous sommes en tranchée à Courtes-Chausses, près du Four de Paris; je “bats” un ravin pour arrêter toute attaque possible sur nos lignes ; très fatigué, mais en bonne santé, bien heureux tout de même de n’avoir plus les corvées formidables qu’on impose au pauvre ‘bibi”. Quand verrons-nous la fin de cet enfer ?
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02/07/2015
2 juillet 1915
Ces jours-ci, nous avons été violemment attaqués par l’ennemi au Four de Paris et à Bagatelle. Nos pertes sont moins importantes que celles de l’adversaire, mais chose curieuse, tous nos blessés le sont à la tète ; c’est peut-être tant mieux car c’est ce qui se raccommode le plus vite.
Me voilà chef de pièce ; on va me donner une mitrailleuse et avec mes cinq hommes, je suis à peu près indépendant.
Voici Le récit que je peux vous faire d’une soirée mouvementée en Argonne vers la fin Juin.
Nous étions au petit poste lorsqu’une violente détonation se fit entendre et nous eûmes la sensation d’un tremblement de terre ; pendant quelques secondes nous oscillâmes comme si nous étions ivres ; plusieurs parmi nous voulaient f... le camp, mais je fis observer qu’il eut été préférable de le faire plus tôt, et que l’assiette étant retrouvée, il n’y avait plus qu’à attendre.
Nous apprîmes par la suite que quelques kilos de mélinite avaient, par un travail souterrain, fait sauter notre première ligne. C’était le commencement de la guerre des mines en Argonne.
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01/07/2015
1er juillet 1915
Je viens de réussir l’examen de caporal mitrailleur. Me voici donc changé d’arme; pour certains, le poste est plus périlleux ; moi, je le crois plus avantageux. Je n’aurai plus ces longues veillées d’armes si pénibles aux petits postes et je ne risquerai plus la sortie à la baïonnette ; il semble moins cruel de tuer à coups de mitrailleuse qu’avec une fourchette.
Kremer, Nexon sont restés fantassins (les pôvres) je pense pouvoir, à la première occasion, les faire venir à notre formation dont je suis un peu l’artisan.
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30/06/2015
30 juin 1915
Mercredi 30 juin, 15h
Ma chère Hélène
Dire que je ne devais plus vous écrire mais tout de même je ne peux laisser passer cette nouvelle. Je viens d'être nommé Caporal, et de recevoir les félicitations de mon capitaine. Il a dû y ajouter ses regrets car je quitte la compagnie, je suis à la section mitrailleur du bataillon. Écrivez-moi toujours de la même manière. Je suis heureux, je viens de vous gagner en cas d'accident 100 sous de rente de plus.
Je vous embrasse bien et espère vous montrer bientôt mes galons.
Basin
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28/06/2015
28 juin 1915
Vous ai-je dit que nous avions, placée sous le képi, une sorte de calotte de fer semblable à celle des ecclésiastiques, mais un peu plus grande, pour protéger notre crâne des éclats d’obus ?
Incessamment, nous allons recevoir un casque de fer que l’on appelle déjà la “bourguignotte”. Je pense que ce sera plus pratique et le képi aura vécu.
J’apprends aussi que la bataillon qui nous a remplacé à Avocourt vient d’être évacué à cause de ses pertes et de ses malades.
(ci-dessous carte en partie illisible du 28 juin 1915, envoyée le 30 juin)
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27/06/2015
27 juin 1915
Les Islettes, Meuse, Dimanche 27 Juin 1915 10h
Ma chère Hélène, ma chère Mommonde
La carte que je vous fais passer, vous rappellera la scène dont je vous avais parlé dans mes premières impressions à Avancourt. La situation, quoique un peu différente, car ici la cérémonie se place en plein air, donne tout de même la même idée. Il faut dire que là se trouvent beaucoup d'éléments du midi et ces gens sont fervents pour appeler Dieu à la rescousse, espérant sans doute ainsi avoir beaucoup moins à faire, c'est ainsi que leur refrain favori est, en invoquant le Très Haut, de lui dire et redire "Ne nous "abandônne pas– ne nous abandônne pas"–sans doute c'est très bien– mais je crains qu'un beau jour le Créateur impatienté ne leur réponde du mépris, eux-mêmes abandonnant si facilement la tranchée.
Ce dimanche matin je viens de conduire un détachement de malades à la visite aux Islettes et c'est pendant ce temps que je vous écris. Je crois que vous recevrez rapidement cette carte car ici c'est chef-lieu de canton. Donc […] […] celui, je vous embrasse bien toutes deux et attends avec quelque impatience cet après-midi car je vais sans aucun doute recevoir vos bonnes nouvelles. Je pense que ces cartes vous plairont. Ce sont des points d'étape, je n'ai pu avoir celle de Brabant.
Jusqu'à nouvel ordre ne plus m'envoyer ni cartes, ni papiers, ni enveloppes, on nous a ces jours-ci distribué un peu de tout cela.
Basin, 30 ter, I Cie secteur 59
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