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22/06/2015

22 juin 1915

Toujours en tranchée : la misère y est augmentée de mille et un petits inconvénients. D’abord, la grande chaleur, puis le manque d’ eau ; avec un “quart” il faut se laver la figure, faire sa barbe, se laver les mains et avec le restant faire sa vaisselle.
Puis, suivant l’expression pittoresque de mon ami Le Cor, “nous sommes violemment contre-attaqués par les mouches” ; il y en a partout et cela s’explique si l’on pense que tous ces hommes vivent là, au milieu de leurs détritus et de leurs résidus personnels.

prochaine note: 23 juin

21/06/2015

21 juin 1915

La situation est toujours à peu près la même ; les tranchées sont insignifiantes et les nuits, que nous passons cassés en deux, nous laissent complètement fourbus.

prochaine note: 22 juin

14/06/2015

14 juin 1915

Je suis depuis plusieurs jours sans lettre ; j’habite dans les bois de la Grurie ; il y a ici un peu de toutes les armes, notamment de l’infanterie de marine. Derrière notre position est l’emplacement occupé, l’hiver dernier, par les Garibaldiens; les combats ont dû y être très durs car les bois sont totalement dévastés et partout des petits “tumuli” accompagnés d’un entourage fantaisiste sont surmontée d’une croix de bois, la seule qui soit donnée à tous sans distinction.
Nous allons installer des défenses de 1ère ligne ; c’est un travail dangereux et pénible ; heureusement, je n’y suis plus employé comme soldat.

prochaine note: 21juin

11/06/2015

11 juin 1915

Nous sommes partis du Futeau pour venir coucher aux Islettes, joli pays au milieu de la forêt d’Argonne. Nous avons passé une nuit réparatrice. A l’heure qu’il est, avec mon ami Laurent,  nous savourons un bon café au lait obtenu d’une personne du pays et, le comble du confort, nous avons une chaise et un morceau de table... Oh... s’asseoir sur une chaise, jamais je n’aurais cru que ce pût paraître si bon, si nouveau. Que sera-ce si, un soir, il m’est donné de coucher dans un lit ?
La personne qui a bien voulu nous recevoir est une réfugiée dont le mari est à la frontière employé au Chemin de fer de l’Est. Habitants du midi, ce sont des expatriés qui attendent avec impatience le retour dans leur foyer.

Et nous donc ?


J’ai pu apprendre par elle combien les allemands avaient payé cher leur avance et combien leur recul fut précipité après “la Marne”. La Meuse qui n’est pas précisément un ruisseau était coupée à quatre passages par le barrage de cadavres ennemis.
Les Allemands sont maintenant blottis en arrière de la forêt et dans des trous profonds ; il sera difficile de les en déloger.

prochaine note: 14 juin

10/06/2015

10 juin 1915

Le Futeau -Forêt d’Argonne.
Arrivée ici après une marche de nuit pénible commencée par une chaleur accablante et terminée sous un  orage des plus violents - le sac est terriblement lourd après cette marche de nuit - .
Nous avons traversé Clermont-en-Argonne : vision d’ épouvante ; des ruines, des pans de murs calcinés, pas une maison entière. Trois heures du matin : on marche toujours, la fatigue augmente et aussi la mauvaise humeur, on grogne ferme. Encore 3 km... Le Futeau, enfin...
Halte : nous disposons d’un squelette de grenier ; plancher vermoulu; attention où l’on pose le pied... Bruit : voilà un camarade qui disparaît au rez-de-chaussée ; deuxième secousse : l’échelle qui supportait des poilus pressés se rompt - un peu de casse - c’est peu de chose pour le temps présent.
On se jette sur un semblant de paille ; le harnachement est abandonné et tout de suite un ronflement sonore peut faire croire que l’on est dans un garage où les moteurs sont à l’essai.
Pensez : il avait 23 heures que nous étions debout...
Six heures du matin, un cri: “Au jus”.
Une bordée d’injures d’une part ; un “tollé” de satisfaction d’autre part ; les uns veulent dormir, les autres boire.
Mais il faut bien se lever car le bruit devient impossible et puis il faut aller toucher les vivres et se nettoyer... et fourbir les armes.
Enfin cet après-midi, repos. Bien vite, je vais dormir ; mais je sais que je vous dois des nouvelles et je m’acquitte de cette tâche avant de m’abandonner à Morphée.

prochaine note: 11 juin

09/06/2015

9 juin 1915

Nous allons quitter notre campement. Au repos, on se retrouve entre amis ; j’apprends que Le Cor est couché sur la paille dans une salle de la Mairie. Il a une bronchite, un peu de conjonctivite. Avec l’absence totale de soins, on ne sait jamais ce que cela peut devenir. Ici la panacée universelle est l’iode et l’eau bouillie. Quant au major, sa science consiste à demander aux malades ce qu’ils veulent qu’on leur fasse en ayant soin d’ajouter qu’il n’a rien pour les soigner.
Comme vous le voyez, la présence de cet officier n’apporte qu’un secours moral comme celle du prêtre; on n’a qu’à se croire hors de danger après une conversation avec lui ; heureux ceux qui ont la foi et pas trop de fièvre...

prochaine note: 10 juin