16/06/2016
16 juin 1916
J’ai oublié de vous mentionner l’explosion du dépôt de munitions de Dombasle-en-Argonne. Les Allemands avaient repéré ce dépôt depuis longtemps et s’acharnaient à y placer un obus qui pût produire une catastrophe.
Après avoir toute une matinée fait choir des obus un peu partout, à l’heure de midi il en tomba un en plein centre. Ce fut une explosion formidable et les obus en dépôt explosant simultanément étaient projetés à des 100 et 200 mètres de haut et à plus de 500 mètres de longueur.
Il en vint tomber jusqu'à nos pieds (nous étions à environ un petit kilomètre) ; l’un faillit même tuer Le Cor qui en fut quitte pour une violente bousculade que je lui appliquai voyant arriver le bolide ; je le plaquai d’un rude coup de poing qui le fit s’étaler à plat ventre ; je reçus pour remerciement un « ..spèce de brute ». L’obus s’était coulé d’environ deux mètres dans le sol ; nous pûmes le contempler tout à l’aise...
Et ces explosions se poursuivirent jusqu’à 5 heures du soir sans arrêt.
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15/06/2016
15 juin 1916
C’est toujours le froid mais je vais abandonner mon plateau et redescendre au bivouac. Cette nuit, la course sera rude et dure à travers un terrain ravagé ; nous partons avec un liquide chaud vers 22 heures et nous ne serons pas arrivés avant la 23ème ou 24ème heure; là seulement, nous pourrons peut- être manger... s’il reste quelque chose.
Enfin, ce sera un peu de repos. Pourvu que le sol soit épongé, c’est là ma seule exigence ; quelle sainte horreur j’ai de la boue et de l’humidité... Je préfère un bombardement de 48 heures à 24 heures de pluie ; au moins on court sa chance et il n’y en a pas pour tout le monde. A preuve...
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13/06/2016
13 juin 1916
Le soleil nous avait fait croire à sa réconciliation... il faut abandonner toute espérance ; c’est à nouveau les mauvaises journées qui nous font presque regretter l’hiver.
Nous sommes dans la boue, obligés, de faire des prodiges quand nous voulons nous étendre pour n’être pas absolument noyés ; nous récoltons tout ce que nous pouvons trouver : tôle, bâches, morceaux de bois, vieille armoire, vieux sommier (d’où sont-ils venus ?) pour arrêter cette boue liquide qui nous enrobe.
Il y a des stalactites dans nos gourbis, voire même des stalagmites... Heureusement notre Compagnie qui est au bois St-Pierre fait tout le nécessaire pour nous envoyer le ravitaillement possible (ce qui ne va pas bien loin).
Enfin, nous améliorons autant que nous pouvons notre situation, mais je crois que nous rentrerons bien décrépis... Comme les heures sont longues à vivre cette existence de cloportes...
Aussi ne faut-il pas tant admirer et crier au courage lorsque l’on s’élance sur le plateau malgré la rafale ; si vous saviez ce que c’est bon de pouvoir aller le nez au vent avec l’horizon devant soi...
Est-ce vivre que d’être des semaines dans un tombeau ? Jusqu’alors on n’y mettait que les morts ; pour moi, plutôt mourir au soleil que de vivre ainsi enterré.
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12/06/2016
12 juin 1916
PENTECÔTE : Quel beau jour... Gel, neige, bourrasque et ... l’Allemand.
Finette, ma petite chienne, va mieux ; elle aussi fait sa guerre et courageusement attaque les rats.
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06/06/2016
6 juin 1916
Et notre vie continue : lutte contre l'Allemand, lutte contre les éléments et privations matérielles poussées à l’extrême. Nous n’avons qu’un repas par jour et encore nous n’en savons pas l’heure; il faut vivre sur ses réserves et attendre qu’il fasse noir pour entendre l’appel du voiturier qui vient de l’arrière à travers le bombardement nous apporter quelques provisions ; entre autres, de l’alcool solidifié pour faire chauffer ce que nous “pourrions avoir”...
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01/06/2016
1er juin 1916
Nous sommes devant Cumières, Chattancourt, Mort-Homme, Cote 304, villages et crêtes détruits dont les noms seuls resteront dans l’histoire.
J’avais oublié de vous dire qu’une petite chienne recueillie dans ma marche sur Verdun ne m’a pas quitté et que j’ai dû la soigner du mieux que j’ai pu pendant ces rudes journées ; c’est un petit fox qui ne comprend rien à cette bataille sanglante sinon qu’elle y souffre aussi; elle y a attrapé un mal d’yeux qui la rend presque aveugle et en ce moment elle est presque dans le coma ; j’ai pourtant tout fait pour la sauver partageant avec elle mon quart de boisson chaude, obtenu avec bien des difficultés, afin de pouvoir lui laver les yeux.
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