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13/08/2015

13 août 1915

Comme vous avez pu le lire dans les communiqués, l'Argonne est le principal effort de l’ennemi ; c’est sur Verdun qu’il voudrait obtenir un résultat ; mais ici, ils peuvent toujours taper avec entêtement, ils se casseront la tête : ON NE PASSE PAS*.
Le repos que je prends en ce moment est le véritable depuis bien longtemps ; nous avons dans une grande ferme assez de place et une visite sérieuse est organisée par un major à quatre galons. Cet homme est absolument parfait et c’est certainement une valeur au point de vue professionnel ; aussi je lui demande une consultation qu’il m’accorde d’ailleurs de grand cœur.
J’apprends d’autre part que Nexon, malade aussi, va être évacué.
- Erreur... Nexon ne sera pas évacué ; il remonte en ligne à la pièce Kremer.

* (note postérieure à la guerre): Ce mot se trouve dans ma lettre du 13 août, je ne pensais pas qu'on la retrouverait dans une citation du Général Pétain plus tard - je ne revendique rien, je constate-

prochaine note: 15 août

11/08/2015

11 août 1915

Comme je vous l’ai laissé prévoir hier, cette lettre-ci vous sera remise ouverte -ordre nouveau -.
Je suis au repos ; cette fois, c’est un repos véritable c’est-à-dire dans un petit village à 4 km environ à l’arrière des lignes. J’y retrouve Le Cor et nous allons pouvoir popoter et dormir en chœur.
Un certain mouvement se prépare ; les Anglais, dit-on , ont envoyé du monde dans le Nord, ce qui libère quelques divisions françaises, allégeant notre front est et nord-est. Je ne crois pas que je retrouverai ce secteur qui est devenu très dur et où l’on a dû mettre des troupes d’active en masse.
Nous apprenons que notre ancien commandant ne reviendra pas, nous héritons de Monsieur Crochet qui, de capitaine, passe commandant. (Dans le civil, c’est un directeur de la Saint-Gobain).

 

prochaine note: 13 août

09/08/2015

9 août 1915

Ma correspondance maintenant va se trouver quelque peu succincte, car nous apprenons qu’une censure plus rigoureuse va s’exercer sur nos lettres.

 

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06/08/2015

6 août 1915

Nous voici donc installés dans un blockhaus en 3ème ligne, pas trop mal, mais on “la crève”. Un morceau de bœuf bouilli très gras et froid voilà le plat de résistance, mais un des nôtres s’est débrouillé et nous avons un morceau de lard, gras lui aussi par bonheur et un oignon ; de suite mes talents de cuisinier se réveillent et je “nous” transforme notre bœuf quasi immangeable en un miroton délicieux ; enfoncé Lucullus.


Devant notre créneau passe un jeune bleu ceinturé de bidons brinquebalants. - Eh, le bleu, où vas-tu avec ton pinard’?
- Du pinard, penses-tu de la flotte, oui..., on boit comme on bouffe, pas souvent, là-haut. (il désigne de la tête la crête maudite).
Tout en causant, il approche de notre taverne ; il hume ; ses yeux brillent d’une flamme qui pour n’être à l’instant que très peu patriotique n’en est pas moins jolie. Cette senteur délicieuse lui laisse pressentir un paradis de rêve. Dieu, qu’il est boueux, sale, hirsute et sympathique...
- “Allons, dis-je, approche et prends une portion chaude.” Un merci rapide, Un geste encore plus rapide, et le couteau sorti avec prestesse, le morceau de boule au poing, les mâchoires entrent en action. Le tic tac de la mitrailleuse nous semblât aller au ralenti eu égard à la rapidité du cliquetis de ses dents.
Je lui fis observer d’avoir à ralentir s’il ne voulait étouffer, mais il semblait
sourd.

Nous pouvions encore partager la pitance, mais le pinard rarissime... Le pinard, espoir suprême et suprême pensée...
- “Allons, faites donner la garde, dis-je, en voyant notre bleu si heureux et si désespéré à la fois, car il dîne peut- être pour la dernière fois.

Et chacun de nous abandonnant quelques centilitres de ce jus merveilleux nous fîmes à notre cadet un septième quart ; et - la générosité vient endonnant - un de nous lui bailla un bout de fromage. Félicité, bonheur, joie...
Enfin il lui faut remonter ; il hésite, semble moins résigné à son sort ; ce que c’est que ce bien-être amollissant... il a retrouvé la joie de vivre, maintenant qu’il a mangé. Ce modeste qui va à la mort est un pauvre sans  famille, sans feu ni lieu, de ceux qui vont de village en village louant leurs bras pour satisfaire l’estomac sans plus; n’ayant rien que ses hardes et
son bissac, ignorant même où commence et où finit le pays qu’on lui ordonne de défendre et pour lequel il va mourir.
Triste... Triste... Triste...
Dieu, quel est ton secret ?


 

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prochaine note: 9 août

05/08/2015

5 août 1915

Me revoici à nouveau en ma tranchée de 1ère ligne au Four de Paris ; je commence à croire que j’y suis à bail. Nous n’y sommes pas heureux parce que bataillon détaché, nous n’avons pas le secours des ravitaillements d’un régiment ; nous manquons de tout : il est extrêmement difficile d’obtenir même une bouteille de vin ; heureusement, j’ai un bon ami nommé Galemard qui est vaguemestre et qui veut bien se charger de temps en temps de m’en rapporter une de l’arrière.
La température s’est adoucie, il fait moins chaud mais par contre nous barbotons dans la boue car les orages ont détrempé toute la montagne.

 

prochaine note: 6 août

04/08/2015

4 août 1915

Pour l’anniversaire de la guerre les nouvelles ne sont pas heureuses ; la poussée allemande sur Varsovie a produit un mauvais effet, tout moral d’ailleurs; mais il faut attendre pour les résultats et en attendant : tenir.

 

prochaine note: 5 août